Comment les rendre sensibles aux autres et attentifs à eux-mêmes, quand on se sent soi-même un peu à côté de la plaque émotionnellement ?
J’ai lu cette semaine une tribune de Serge Hefez dans Le Monde. Le psychanalyste revenait sur ce drame survenu il y a quelques semaines à Nogent, en Haute-Marne : un adolescent de 14 ans qui poignarde mortellement une assistante d’éducation au collège. Un ado sans histoire, issu d’un milieu familial stable, sans troubles psychologiques, et qui n'émet pas le moindre regret au sujet de son geste fatal. Le psychanalyste alerte sur ce manque d’empathie chez ses jeunes patients, selon lui exacerbé par les écrans. « (...) J’ai de plus en plus souvent le sentiment que le statut même de la réalité a perdu son socle, que ces jeunes, nous les avons perdus », écrit-il. « Rencontrer le monde à travers un écran ne permet pas au cerveau des enfants d’établir des connexions pourtant indispensables, et cela crée un rapport de plus en plus abstrait à la souffrance et à la mort. » Un peu plus loin, il poursuit : « On n’éprouve pas d’empathie envers un écran. On éprouve des sensations, joie ou colère, plaisir ou déception, des sensations qui, parce qu’elles ne sont pas corporellement partagées, macèrent, s’enveniment, encombrent, deviennent un poids mort plutôt qu’une promesse de vie et de partage. Nos enfants sont trop seuls. »
...