Le Balagan

Une newsletter pour partager avec vous mes questionnements sur la famille, le couple, le travail et le beau mélange de tout ça qui crée un joyeux balagan.

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Par Candice Satara
14 juin · 3 mn à lire
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C’est plus dur d’élever un garçon ou une fille ?

Les parents de garçons connaissent un déclin cognitif plus rapide que les parents de filles

Hello à toutes et à tous,

J’avais prévu initialement de vous partager un autre texte écrit d’une traite dans la semaine, ce texte disait, en substance, que j’étais à bout, de mes enfants, de mon quotidien, de ma charge mentale, de mon boulot… Mais en me relisant ce jeudi, je me suis dit que ça suffisait d’être tout le temps angoissante, alors je change de registre pour aborder un autre thème qui j’espère vous parlera. Il m’arrive souvent de me demander si cela aurait été plus facile d’élever des filles. Les garçons demandent-ils vraiment plus d'énergie, de cadre, comme le veulent les clichés ? Est-ce plus simple d’élever un enfant qui est du même sexe que le sien ? À qui on pourra donner des conseils tirés de sa propre expérience personnelle, avec qui il y a, de fait, un fort enjeu d’identification. 

Je m’étais posée cette question il y a quelques années après être tombée sur une étude qui avait conclu que les parents d’un ou plusieurs garçons connaissaient un déclin cognitif plus rapide que les parents de filles. Etaient concernés les parents qui avaient au moins un fils. Heureusement, un peu d’équité, la vitesse de détérioration mentale observée était similaire pour les pères et les mères. J’avais souri, je crois qu’à l’époque je n’avais pas encore eu les twins.

Je vais vous dire ce qui me laisse penser que c’est plus dur d’élever des garçons, même si mon point de vue est totalement biaisé. Une chose est certaine, l’énergie débordante de mes garçons m’épuise : ils ne sont jamais calmes ou alors c’est qu’ils sont en train de faire un truc pas net. Ils s’agitent, font du bruit, se battent continuellement et je parle des 4, les jumeaux de 2 ans et demi et les grands de 12 et 10 ans. L’enfant qui fait des dessins calmement, qui joue tranquillement avec ses figurines dans sa chambre, qui reste sur le transat à la piscine, qui bouquine pendant que je vaque à mes occupations, celui qui est tellement discret qu’on l’oublie. Je vous assure, une copine m’a dit ça un jour au sujet de sa fille. Cet enfant (s’il existe ?) je ne l’ai jamais eu. JAMAIS. 

Une question de sexe ? 

Est-ce que c’est quelque chose d'inné, ou bien est-ce la société qui encourage les petits garçons à déployer leur énergie et afficher leur force physique, tandis que les filles sont sommées d’apprendre. Existe-t-il des différences génétiques fondamentales qui rendent les garçons plus violents et plus agressifs dans leur façon de jouer, moins capables de rester en place et d'écouter. Il existe, certes, des différences biologiques très réelles. Des recherches ont, par exemple, montré que le cerveau des garçons se développait plus lentement et dans un ordre différent de celui des filles, la zone responsable de l'autorégulation émotionnelle et du contrôle des impulsions, se développant jusqu'à deux ans plus tard chez les enfants de sexe masculin. Les bébés garçons sont biologiquement plus sensibles et émotionnellement plus fragiles que les bébés filles. Je continue. “Le cerveau des garçons est plus immature et vulnérable, et leur maturation est plus lente tout au long de l'enfance”, affirme Allan Shore, professeur de psychiatrie et de sciences bio-comportementales à UCLA, cité dans cet article (passionnant), sur The Independent.

Il ajoute que pour autant, les jeunes garçons dans leur ensemble reçoivent moins d’attention positive que les filles du même âge, et ce, de manière significative. Alors qu’ils en ont besoin davantage, on chouchoute moins les garçons…

Cela m’amène à ce sujet de la maturité 

En fin d’année dernière (décembre), la maîtresse de mon fils aîné (en 5ème) m’avait dit au sujet de lui et de sa bande de potes qu’ils vivaient dans un déni de réalité, autrement dit, les mecs faisaient des conneries, mais n’avaient aucune idée des conséquences de leurs actes. Elle avait ajouté que c’était probablement une question d’immaturité. Comme dit plus haut et cela se vérifie quand ils grandissent. Les filles deviennent matures plus tôt que les garçons. J’imagine qu’elles sont ainsi plus à même de se raisonner, de respecter les règles et d’échanger avec leurs parents ? Vous allez me dire que cela entraîne d’autres problématiques. Moi, j’ai du mal à discuter posément avec mes grands, ils écoutent 3 minutes puis s'échappent dans leur chambre. Clac, porte fermée. Je suis frustrée, est-ce que si j’avais eu une fille, j’aurais pu nouer une relation plus complice, plus forte, plus tôt avec elle. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été si proche de ma mère. 

Quant à l’autorité, Nicole Prieur, une psy que j’avais interviewée il y a longtemps m’avait dit  : “L'autorité avec un garçon est très frontale. Il faut être ferme et ne pas négocier, fixer un cadre avec des règles. Le petit garçon va avoir tendance à être plus agité, plus impulsif. C'est lié à des pulsions plus primaires. Les filles se posent davantage de questions. Il y a des stéréotypes portés par le regard sociétal qui sont là, on ne peut pas le nier.” Je confirme, chez moi, les limites et règles sont très difficiles à accepter. Il y a chez eux une sorte de présomption d’opposition, ils ne sont jamais d’accord, quant à l’épreuve de la  frustration, n’en parlons pas. Comment sont les filles ?

Élever des garçons dans l’ère post-MeToo me semble parfois une tâche impossible

J’en viens à mon dernier point. Comment faire en sorte que mes fils, quatre quand même, ne deviennent pas des hommes au comportement toxique, des agresseurs, des incels. Nous sommes en plein milieu d’une révolution du genre, et les garçons que nous élevons peuvent se trouver coincés entre des injonctions contradictoires. Celles de la société qui glorifient encore les qualités dites masculines, et celles qui veulent, au contraire, les libérer des stéréotypes de genre. Le problème, c’est que même si on pense être très ouvert, on éduque toujours avec des stéréotypes. Et les enfants passent de plus en plus de temps en ligne. “De nombreux garçons sont à peine sortis des Lego que les algorithmes de TikTok et YouTube commencent à leur montrer du contenu sur la masculinité”, déplore Ruth Whippman, autrice de l’ouvrage Boy Mom, interrogée par The Independent. L’autrice explique qu’elle a observé que les garçons se laissaient entraîner dans ces choses lorsqu’ils se sentaient ignorés et pas assez soutenus. Pour elle, et je suis 100% d’accord, on doit prendre soin de nos fils, les encourager à exprimer leurs émotions, leur vulnérabilité, de la même manière que nous le faisons avec les filles. Qu’en pensez-vous ?