Le Balagan

Une newsletter pour partager avec vous mes questionnements sur la famille, le couple, le travail et le beau mélange de tout ça qui crée un joyeux balagan.

image_author_Candice_Satara
Par Candice Satara
5 juil. · 3 mn à lire
Partager cet article :

Ces enfants qui ne dorment pas

et ces soirées qui passent à la trappe

Je n’ai pas pu écrire ma newsletter la semaine dernière et donc vous l’envoyer. On va dire que j’étais au max du max des choses à faire. Et je n’ai pas réussi, j’en suis désolée. Enfin juillet !❤️

Il est 22h17 au moment où je commence à vous écrire. Nous sommes mercredi soir.

Mes jumeaux ne dorment toujours pas, je les entends discuter, ils parlent fort. Il ont vidé le placard des jouets, l’un a mis son déguisement de Hulk, l’autre s’est contenté d’enfiler des grosses chaussettes. Pour info, le premier s’est tranché le menton hier après une chute inopinée sur un piano en bois. Il y a des objets coupants qu’on ne soupçonne pas dans une maison. J’ai évité de justesse les urgences. De l’autre côté de l’appart, les grands ne dorment pas non plus, ils sortent de leur chambre, vont aux toilettes, puis un détour par la cuisine : “qu’est-ce que je pourrais bien manger ?”, les ados, ces estomacs ambulants. Et re toilette. Et re verre d’eau. Et re “Wahou, trop bien ce que vous mangez !”. Et la télévision au milieu de tout ça, avec les débats sur les législatives et ces mêmes tronches qui s’engueulent sur les mêmes sujets. Ma tête explose. Je veux de la tranquillité. Saviez-vous qu’un adulte sur cinq souffrait de misophonie (intolérance à certains bruits du quotidien).

“On va pas dormir”

Depuis quelques semaines, Elon et Eitan, mes jumeaux, rechignent à se coucher. Eux qui s’endormaient si facilement auparavant ont décidé que la soirée ne se ferait plus sans eux. Tous les soirs pourtant, on répète la même routine, on lit des histoires, on fait des câlins, on fait redescendre l’excitation. Et puis, il faut glisser vers le lit à un moment (il est 20h30 quand même !!) et là, les petits monstres, dénués de toute empathie nous fixent : “On va pas dormir, on va dans le sayon (salon)”. Ils s’enfuient en courant. Au moins, ils ne nous la font pas à l’envers, le décor est planté, la soirée est plantée, le peu qui nous restait de tranquillité s’évanouit. Quand on réussit à les faire rester au lit, les demandes sont à répétition. Elles semblent se multiplier à mesure que les minutes passent. Elles génèrent des tensions (voire des crises si notre réponse est non). Elles débouchent des disputes entre nous deux aussi. “j’y vais”, - “non attend”, - “j’vais les tarter”, - “non, les tarte pas”. Je précise qu’on ne frappe pas nos enfants.

La vérité, c’est qu’ils redoutent la séparation point barre, et crier ne sert à rien, ça empirera encore plus la situation. Céline Syritellis, est coach parental et a dédié un chapitre de son livre Ça ne peut plus durer, (Marabout), au sujet du coucher. Elle écrit : “lorsque l’endormissement excède quarante-cinq minutes, cela devient plus difficile pour l’enfant de réguler seul·e ses états émotionnels et ses comportements à mesure que le temps s’écoule. Paradoxalement, un temps d’endormissement long peut aussi être dû à de la fatigue qui se fait fortement sentir. Cette sensation inconfortable génère de l’agitation chez l’enfant et retarde l’endormissement.”

Super, on n'est pas sorti de l’auberge. L’autrice propose des pistes un peu plus loin, je vous en partage certaines qui pourrait correspondre à ma situation.

  • Avancer l’horaire du coucher

“Cette option pourrait convenir si vous constatez que les difficultés sont exacerbées par la fatigue, que votre enfant semble lutter contre le sommeil, sans parvenir à s’y laisser glisser sereinement. Cela peut améliorer la situation en évitant que l’excitation ne s’installe.” Égoïstement, je me dis qu’en démarrant plus tôt, on peut espérer être tranquille peut-être un plus tôt. Vous voyez, si on commence le rituel du coucher à 8h15 (comme souvent), et que les enfants veulent jouer les prolongations… Comment dire que l’exaspération monte plus vite.

  • Accordez des privilèges

“Cela aide les enfants à vivre plus sereinement ce moment qui précède l’endormissement. Ces privilèges peuvent être présentés comme une autorisation à faire telle ou telle chose en attendant que le sommeil vienne... pour réussir à rester dans son lit. Voici quelques idées de privilèges :

Écouter des histoires calmes ou relaxantes au moyen d’une boîte à histoires, d’une enceinte connectée ou d’un casque (si plusieurs enfants dorment dans la même chambre).” Je vais tenter la boîte à histoire, j’en ai une que j’utilise très peu, je ne fais pas partie de ces parents qui ne jurent que par la conteuse à Histoires de Lunii.

Enfin, elle conseille, lorsque la soirée a été particulièrement difficile de ne pas s’interdire de rester auprès de l’enfant jusqu’à ce qu’il s’endormisse. Si c’est la seule manière de débloquer la situation alors on y va et tant pis. On réessayera demain.

Se dire que ces comportements ne sont pas des problèmes

Mais au delà des conseils, je veux surtout vous dire mon état d’esprit par rapport à tout ça. Je crois qu’on ne peut pas changer les enfants. Ce sont des enfants, ils passent pas des phases pas cool pour nous, mais on a pas le choix. Je crois qu’on doit s’armer de patience et attendre que ça passe, sans se résigner, sans être fataliste. Je suis assez fatiguée d’essayer des tonnes de trucs pour surmonter les difficultés avec eux, voir que ça ne fonctionne pas, c’est frustrant à la longue. Je ne dis pas que je baisse les bras, je dis que j’accepte de passer par ces galères. Je dis ça maintenant, tout de suite, on verra demain. 😉

Comme dit Céline Syritellis : “Ne pas considérer les comportements de l’enfance comme des problèmes ne signifie absolument pas ne rien faire. Ce que nous nommons « problèmes », c’est la plupart du temps ce que font les enfants à un moment ou à un autre, entre leur naissance et le départ du nid parental. Ce que font les parents dans cet entre-temps, c’est éduquer les enfants.” Je vous donne un exemple, l’aîné glisse doucement et sûrement dans sa crise d’ado. Il se met en rogne dès qu’on lui refuse un truc (je donne un indice, en lien avec les écrans ). Il peut sortir 20 fois de sa chambre le soir, demander le truc, voir qu’on refuse, s’énerver, claquer sa porte, nous dire qu’on est les pires parents de la terre. Je suis impuissante : il n’y a rien à faire, on ne peut pas le raisonner. Il est Dr Jekyll et Mr Hyde… à l’adolescence.  Je vais vous dire, je lâche l’affaire, j’arrête de me prendre la tête, je me dis qu'il fait son job d’ado : se séparer de ses parents.