Le Balagan

Une newsletter pour partager avec vous mes questionnements sur la famille, le couple, le travail et le beau mélange de tout ça qui crée un joyeux balagan.

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Par Candice Satara
23 août · 3 mn à lire
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Tous les culs sont permis

La fin des complexes ?

Quand j’étais plus jeune, c’était la mode du topless : toutes les filles ou presque dévoilaient leurs seins sur la plage sans se gêner des regards. Aujourd’hui, les femmes ne bronzent plus torse nu, plus du tout. Seules 16 % des Françaises de moins de 50 ans bronzent parfois seins nus alors qu’elles étaient 43 % en 1984, selon une étude de l’Ifop. Pour ma part, je ne l’ai jamais fait : trop de pudeur, trop de complexes, pas assez de poitrine, trop de monde. Ça m’arrange que la mode soit passée, franchement, mais j’observe que les femmes mettent désormais en avant leurs fesses.

De la plage mexicaine d’où je vous écris, les femmes sont toutes en string sur la plage. Entendons-nous, pas en string ficelle, en tanga. Les maillots rentrent dans les fesses, absolument tous, naturellement ou de façon forcée. Bombées, plates, molles, bronzées, blanches, noires, vieilles, jeunes… Les fesses sont partout. Sur les transats, les hamacs mais pas que, dans les bars de jour comme de nuit, sur les selles des vélos, à la supérette en bord de mer. Si ce défilé de fesses me laissait avant perplexe, j’avoue que je trouve ça aujourd’hui plutôt joli. Même les fesses imparfaites m’émeuvent, quelle revanche sur les diktats oppressants des corps jeunes, lisses et toniques.

Cela me fait penser à un article publié il y a moult années sur aufeminin que nous repartagions régulièrement sur les réseaux sociaux, car il nous garantissait un pic de clics. Et pour cause : l’article, en forme de diaporama, reprenait les photos de 1001 Fesses :  un projet initié en 2015 par un duo féminin canadien qui voulait célébrer la beauté des corps. Plusieurs femmes avaient à l’époque accepté de se dénuder devant leur objectif.

Je me dis que ce lâcher prise (de fesses) est plutôt réconfortant

Je me sentirais presque ringarde avec mon maillot bien régulier qui épouse les contours de mon postérieur. Et si j’assumais, moi aussi, le bikini qui rentre dans le cul. Ayant déjà deux maillots très échancrés, la tâche est facilitée. Allez, j’y vais. De temps en temps je me regarde de dos dans la glace des toilettes de la piscine, en me disant que ce geste est quand même très osé à 41 ans. Et puis je retourne à mes nachos en me disant que merde il faut arrêter de se prendre la tête. 

Le rapport au corps : l’insatisfaction éternelle devant le mien que je trouve globalement pas assez fin et élancé. Mes cuisses trop grosses, mon ventre “on dirait de la pâte à modeler”, m’a dit mon fils il y a deux jours, mes bras pas assez toniques. Avant de partir en vacances, je cesse de manger pour que la balance affiche le poids souhaité. C’est ridicule, mais c’est plus fort que moi. Pourtant, je suis loin d’être grosse. Mon problème, c’est que je voudrais être parfaite, mais que je ne m’en donne pas les moyens. Mon mari, pensant avoir trouvé la solution à mon problème, m’a brandi un article du Parisien cette semaine où une femme racontait souffrir de dysmorphophobie. “Voilà c’est ça que tu as, me dit-il, tu ne te vois pas comme tu es vraiment”. Cette histoire de perception, je n’y crois pas.

Je sais que la mode est au body positive, l’acceptation de ses bourrelets et de ses vergetures, mais ce n’est pas mon truc. Ma génération a peut-être été trop bercée par les régimes Dukan, Weight Watchers, soupe aux choux et consorts (oui, je mets tout dans le même panier). Je reste persuadée qu’on se sentira toujours mieux en étant mince. Je vais peut-être froisser certaines d’entre vous, j’en suis désolée. Moi, dès que je mange trop lourd, je me sens mal physiquement, mon ventre est gonflé, mon transit est chamboulé, je transpire plus, je dors mal. Mon obsession du poids, de mon physique font-ils de moi une personne superficielle ? Si seulement… comme j’aimerais être superficielle. Non en fait, cette préoccupation s’ajoute à la longue liste de mes petits ennuis gâcheurs de vie. 

Les vacances touchent à leur fin

Je ne vous parlerais pas cette fois des jumeaux de 3 ans qui nous ont épuisés chaque seconde et qui pourtant nous émerveillent chaque matin au réveil. Je ne vous parlerais pas de l’ado rebelle qui approche de ses 13 ans, devenu subitement très susceptible, et qui passe beaucoup (trop) de temps dans sa chambre d’hôtel à mon goût. Vous avez vu la série Le Flambeau. Mon fils en ce moment, c’est celui qui pense perpétuellement être victime d’un complot. Les moustiques, les algues dans la mer, le temps d’attente au resto, le réseau qui rame… le sort s’acharne contre lui. Quant à mon deuxième, mi-enfant, mi-ado, il nous parle comme à ses potes. Où est passé le respect ? C’est une dinguerie, comme ils disent. Bref, je vous dirais juste qu’on a fait de notre mieux pour passer de bons moments tous les 6.

Ma petite fierté, j’ai lu 4 livres en 3 semaines. Parmi eux, une jolie découverte. “Tout le monde n'a pas la chance d'aimer la carpe farcie”, d’Elise Goldberg. L’autrice raconte par le prisme de la nourriture juive ashkénaze l'histoire tourmentée de ses ancêtres de la Pologne à la France. Et forcément, je me retrouve dans certaines lignes. Allez, je vous partage un extrait. “L’humanite se range en deux catégories, c’est du moins ce qu’on dit : ceux braqués vers l’avenir et les projets; et ceux qui regardent en arrière, comme la femme de Loth (Bible, livre de La Genèse), changée en statue de sel pour s’être retournée vers la ville qu’elle venait de quitter . Un regard tourné vers l'arrière, et un corps figé dans le passé.

Et vous, à quelle catégorie appartenez-vous ?